La danse sur le papier
(conversation avec un diptyque de Patricia Nikols)
Les menstrues du soleil n’ont pas d’odeur
Pier Paolo Pasolini
Les mots
les pauvres mots sont des haillons qui trainent leurs lambeaux de sens
sont des peintures aux couleurs délavées
et cependant…
je suis venu assister au ballet des menstrues du soleil
les chairs transparentes cherchent le chant
lointain
des sirènes fatiguées comme des vases retournés
L’espace est un tambour
les membres frappent à l’aveugle
le vent s’écorche aux barbelés des gestes
des pieds on ne distingue plus que les nerfs
cordes d’un instrument désossé
Tout autour de ces corps invisibles
flottent de grands manteaux d’ombres
pensées enfuies
désirs sans objet
Dans un effort désespéré
ils agitent les dernières flaques de leur existence
au son d’une musique crucifiée
Toute parole se déchire aux ronces des images
Fécamp, 14 août 2015